Quand la sirène d’alarme de l’angoisse climatique sonne
J’ai écrit cet article en juillet, au plus haut d’une crise d’angoisse climatique – chose qui arrive plus ou moins régulièrement à celles et ceux qui sont pleinement conscients de la gravité de la crise écologique.
Il est dur de vivre avec cette vérité terrifiante. Surtout au cœur d’un été aux multiples épisodes de canicule, pendant leauel la calotte glaciaire du Groënland a perdu 11 milliards de tonnes de glace en un jour et que la déforestation de l’Amazone s’accélérait. Sans parler des immenses feux de forêt qui ravagent les poumons de la planète depuis plusieurs semaines.
Angoisse climatique
21 juillet 2019
Aujourd’hui l’angoisse climatique m’a frappée dur.
Après avoir lu hier soir un livre sur la crise écologique, j’ai passé une mauvaise nuit. Je me suis réveillée fatiguée et hagarde. A ravaler mes larmes quand Caillou est entré, son sourire innocent le meilleur “bonjour” que je puisse recevoir. A le serrer dans mes bras, fort, avec ce besoin viscéral de le protéger. Submergée. Démunie. Terrifiée.
Accepter l’urgence climatique revient à admettre que nous avons tous échoué, totalement. Ce n’est pas une chose facile à faire.
Greta Thunberg
Climate anxiety has been with me since the beginning of the summer. Always lurking at the back of my mind. Catching me out in the midst of innocuous conversations. Rearing its panic-inducing head with every alarming headline I catch on social media. I don’t click on those articles. I can’t. Self-preservation.
L’angoisse climatique plane depuis le début de l’été. Rôdant constamment à l’arrière de mes pensées. Me rattrapant au milieu de conversations les plus anodines. Resurgissant en vagues de panique à chaque gros titre alarmant que j’aperçois sur les réseaux sociaux. Je ne clique pas sur ces articles. Je ne peux pas. Instinct de préservation.
Pourtant, détourner le regard n’est pas une option.
Alors je lis.
Je lis des livres tels que Tout Peut Changer, de Naomi Klein ; Comment Tout Peut S’Effondrer, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens ; ou L’Espérance en Mouvement, de Joanna Macy et Chris Johnstone. Ceci N’Est Pas Un Exercice, une collection d’articles publiée par le mouvement Extinction Rebellion (en France le 30 octobre 2019), attend encore sur ma table de nuit.
Lisez et essayez de comprendre le problème. C’estextrêmement déprimant et absolument nécessaire.
Greta Thunberg
Hier soir, c’était un ouvrage court de l’astrophysicien Aurélien Barreau : Le Plus Grand Défit de l’Humanité. Un livre désespérément honnête sur la destruction de la vie sur Terre, écrit par un des intellectuels français les plus engagés sur la question.
Comme tous les livres sur la crise écologique, il écrit sans équivoque la gravité de la situation actuelle et l’accélération du rythme de destruction.
Et comme tous les livres sur la crise écologique, il indique des solutions, appelle à l’action radicale et immédiate, et suggère même le besoin de révolution.
Et si ?
Et si l’effondrement écologique était une opportunité unique pour l’humanité de changer le monde pour le mieux ? De créer une nouvelle civilisation basée sur la coopération et le justice sociale, plutôt que la compétition et l’exploitation ?
Ce changement de perspective, passant du catastrophisme au changement de récit (un thème exploré par Cyril Dion dans Demain : Un Nouveau Monde en Marche notamment), m’aide généralement à surmonter l’angoisse climatique. Pas cette fois. Mon angoisse était devenue panique.
J’avais besoin d’aller nager.
Avec un nouvel épisode de canicule sur le point de commencer, la température dépassait déjà les 30°C. Les graines de chêne et moi, avec leurs cousins et ma sœur Laure, partirent pour la “plage” du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, un plan d’eau sur le Lignon aménagé dans les années 1930 pour les premiers congés payés.
Marcher pieds nus sur l’herbe sèche et les cailloux de la rivière, nager lentement dans l’eau délicieusement fraîche, flottant sur le dos sous le ciel couvert : cette baignade (pas si) sauvage eut l’effet d’appuyer sur le bouton Redémarrer.
L’étreinte fraîche de l’eau sur ma peau neutralisa la sirène d’alarme dans ma tête. J’étais revenue à l’ici et maintenant, en harmonie avec le monde vivant. Reconnaissante.
J’en suis ressortie rafraîchie et revigorée. Il n’y a nulle part comme sur Terre.
De l’angoisse climatique au calme et à la clarté
Cette baignade m’a sauvée. La peur est encore là, mais je peux maintenant y faire face avec calme et clarté.
La peur est encore là, mais il y a aussi joie et gratitude pour la beauté inexprimable de la Terre.
Comme par hasard, j’ai lu le soir-même un article sur les bienfaits de la baignade en plein air pour la santé mentale.
Dans l’eau, vous êtes tellement dans le moment présent que vous ne pensez à rien d’autre, juste à être là, hyper conscient de ce qui vous entoure, de ce que votre corps ressent, et cela calme mon esprit énormément. – Anna Deacon, photographe de baignade sauvage.
Quelques minutes plus tard, je suis tombée sur un article sous forme de questions/réponses avec Greta Thunberg dans le quotidien britannique The Observer.
J’avais besoin de lire ces mots.
Greta est la quintessence du calme et de la clarté face à l’effondrement climatique. Cela peut paraître étrange que je trouve autant de réconfort et d’inspiration dans les mots d’une adolescente de 16 ans. Mais ses propos tombent toujours en plein dans le mille. La prise de conscience grandit de jour en jour. Le niveau des océans s’élève, et nous aussi.
Ecoutez. Ecoutez et passez à l’action.
Ensemble nous réussirons.
(NB : Le discours de Greta commence à 7’30.)
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